Expositions 2010

Artistes invités 2010

Je travaille la terre avec une technique personnelle, dont j’ai inventé les processus et les outils. J’ai mis au point et je fabrique ma terre. Les couvertes sont le fruit d’une recherche personnelle de plusieurs années sur les céladons.

Souvenir
Mon travail est inspiré par la forte impression que j’ai ressentie lors d’une visite au Musée Guimet alors que j’étais encore étudiant. Les matères céramiques inventées par les chinois Song, particulièrement le céladon, sont la base de ma recherche technique et de ma crétion formelle.
Ce travail se développe sur deux plans :
– Une recherche sur la matière, qui a consisté à retrouver les techniques de fabrication du céladon.
– Une recherche sur la forme et l’expression plastique, en phase avec mon époque.

Le vide et le plein
Le céladon appelle un langage plastique spécifique. Sa translucidité, la qualité de ses reflets, sa façon de jouer avec les reliefs, sont autant d’éléments de langage. Pour l’exprimer, j’ai développé un style d’écriture dans la terre en inventant un outils particulier et sa technique de mise en oeuvre. C’est une sorte de lame flexible, que je ploie à volonté. Je la déplace à l’intérieur d’une masse d’argile, comme un trait dont les courbes changent pendant son trajet, qui trace une séparation dans le volume de terre.

Travail
Toutes mes oeuvres ont un nom.
Elles sont sculptées et modelées dans une pâte que je compose et fabrique à l’atelier. C’est un grès porcelainique blanc, sous-cuit à la température que je pratique pour le céladon. Je le fabrique d’une façon volontairement élémentaire et lente : délayage et tamisage des éléments plastiques, approt de feldspath, silice et kaolin calciné, puis raffermissement par évaporation sur des tables construites à cet effet. C’est un méthode “à la chinoise”.
Je fabrique mes couvertes. Elles sont issues de ma recherche personnelle. Les compositions sont assez élaborées mais toutes faites avec des minéraux naturels simplement tamisés ou broyés, que j’achète directement dans des carrières exploitant le minéral. J’émaille mes oeuvres au trempé, dans de grands bacs en bois étanches. C’est un procédé qui nécessite une mise en oeuvre importante pour les grandes pièces.

Regard
Dégager cette trace sensible, cette histoire d’un bref instant, l’épurer afin de lui enlever de sa matérialité, et la réduire à sa surface, comme une peau ou une feuille. Puis la faire exister comme suspendue dans le vide. Juste avoir l’énergie du geste qui se développe dans l’espace. Encore une histoire entre le plei et le vide, récurrente en céramique…

Jean François Fouihloux

Nicolas Rousseau marche dans un rêve .

Il est complètement délirant et excentrique , il vit dans une bulle dorée ,
Il est riche , et ne travaille que pour se divertir .
Il cuit lui-même ses Rolex dans un four Suisse en fibre des Alpes .
Malgré cela c’est un prince , un cœur tendre et peut-être un géant .
Modestement , il œuvre à l’édification d’un style flamboyant – érotique , tout à fait impudent ,
surchargé , rococo , rocaille , mais de l’intérieur , comme si l’ornement était le sujet-même :
Et c’est un tour de force car alors , tout devient léger .
Grands vases lunaires qui découvrent des femmes espérées .
Nymphes aux yeux verts , qui disparaissent , qui apparaissent , qui affleurent dans la glaise .
Ce sont des bas-relief qui tournent .  Des érotiques de poupées . On pense  aux femmes de
Klimt ,
couronnées de châles d’or et de laine .
Ah , cantique ! En vérité c’est un chant ! c’est un hymne presque innocent !

Remy Pastor

Depuis plusieurs années, les créations de Nicolas Rousseau embellissent notre quotidien. Son petit monde est peuplé d’elfes malins, d’ânes rigolards ou de cochons aux yeux bleus.
Dans cette exposition, il explore une nouvelle voie, nous livrant des œuvres plus sobres où la terre révèle toute la richesse de ses coloris. Il travaille à partir des surfaces de ces œuvres, en bas-relief, faisant doucement apparaître ses personnages. Nicolas reste attaché aux cuissons au bois et à leurs effets uniques.
Nicolas Rousseau est membre de l’Association « Centre de création céramique de La Borne ».

Arnold Annen incarne notre temps.

Le temps de la mondialisation.
Né en Suisse en 1952 près de Gstaad, il suit une formation traditionnelle en poterie : tourneur et décorateur en atelier ; étudiant à l’école des arts décoratifs de Berne.
Soucieux d’acquérir une formation complète, son parcours le mène aussi bien à La Borne, chez Pierre Mestre qu’à Bizen (Japon) chez le maître Sakakibara. Chez le premier il s’affronte aux cuissons au four à bois et à la cuisson au sel. Du second, il gardera le souci de se concentrer sur l’essentiel.
A partir de 1980, il travaille successivement à Beatenberg (Suisse), Amsterdam (Pays-Bas) et Hambourg (Allemagne) avant de se poser à Bâle où il réside aujourd’hui.

Le temps de l’expérimentation
Cet Européen marie la tradition du bol à une intarissable recherche sur les formes et la matière.
Travaillant inlassablement la porcelaine, il créé aujourd’hui des œuvres à partir de moules. Ces pièces semblent inspirées de la nature, d’organes ou de pièces de haute technologie. S’appuyant sur les qualités translucides de la matière, il capte la lumière en jouant sur l’épaisseur de la paroi.

Après ces années de formation chez Pierre Mestre, aujourd’hui, pour Arnold Annen, c’est le temps des retrouvailles avec La Borne.

A partir du 5 août, le public pourra découvrir les oeuvres de Chamoro, Jean Duranel, Alain Kieffer et Joseph Kurhajec lors de l’exposition intitulée : Figuration singulière. 

Pour la première fois à La Borne, une exposition réunit quatre artistes de l’art singulier qui utilisent différentes techniques artistiques dont la céramique. Cette expression plastique actuelle, anticonformiste, se caractérise par une liberté totale. Collages insolites et détournements d’idées, couleurs en excès, cette esthétique figurative spontanée raconte aussi bien des histoires du quotidien que celles des mythologies, sans aucun interdit. Expression d’une énergie dynamique, les sculptures allient humour et poésie, fantaisie et dérision. Au-delà des caractères communs, ce sont quatre styles originaux qui se confrontent et pour lesquels la céramique n’est qu’un moyen qui permet avec bonheur d’associer de manière pérenne la forme modelée, la matière et la couleur. Ces oeuvres qui feront sourire et réfléchir, car quelque part, elles parlent de nous, sont là pour nous surprendre et nous séduire.

Nicole Crestou

Anita Besson, galeriste de renommée mondiale à Londres, a placé en 2007 Jacqueline Lerat parmi les grandes dames de la céramique. En effet par ses recherches renouvelées de la forme et de la matière, elle a pleinement participé à l’évolution de l’art du XXème siècle.

Après la réalisation entre 1940 et 1955 de pièces d’usage et d’art sacré, elle a ouvert, avec son mari Jean Lerat et d’autres artistes, la céramique sur la modernité. Jusqu’en 2008, elle a créé des oeuvres qui font date par leur élégance et par sa réflexion sur l’être humain et sur la nature.

Elle a eu à coeur de partager son savoir par son enseignement à l’Ecole nationale des Beaux-arts de Bourges et par les écrits qu’elle nous laisse.

Cette première exposition rétrospective qui lui est exclusivement consacrée retrace une vie mêlée à la terre de La Borne et vouée à la ransmission. Ce sera une occasion unique de voir un ensemble aussi important et comportant des pièces essentielles des vingt dernières années. Un an après son décès, c’est pour le centre de céramique contemporaine récemment conforté par son nouvel équipement d’exposition et pour sa famille qui a prêté ces pièces, marquer un retour aux sources près de 70 ans après son arrivée dans le village.

Le livre, « Jacqueline Lerat, une oeuvre en mouvement », édité par la Revue de la céramique
et du verre, accompagne cette présentation avec des témoignages, des archives, des extraits de ses carnets et de son journal.
Des lectures, des tables rondes et des projections permettront d’approfondir l’approche de son oeuvre.

Dans l’esprit et le cadre des onzièmes rencontres internationales de céramique de La Borne
le Centre de Création Céramique et l’Association CCCLB
vous invitent au vernissage de l’exposition  des céramistes invités à cuire le four Talbot*.

Ils sont 19 pour qui l’amour du feu n’a pas de frontière. Attachés néanmoins à leur propre foyer, venant chacune et chacun de sa « chacunière », jardinant à l’atelier formes potagères, défournant  pots compagnons ordinaires ou poèmes authentiques de braise et terre mêlées qu’ils nous donnent à voir  du 9 octobre au 23 novembre 2010

Bien qu’il ait pris sa retraite à l’inventaire des monuments historiques, le four Talbot ne s’est jamais vraiment éteint. Il fume toujours dans les récits de cuisson qui font le tour du monde. Ses étincelles éclairent la légende des grands feux. Dans son repos couve la patience millénaire des volcans.
Mais qu’une équipe de cuiseurs aguerris débarque de trois continents pour réveiller l’endormi, tirer le retraité de sa torpeur, satisfaire l’appétit rentré de l’affamé et la fiction devient réalité au premier crépitement de fagots.

Jean Jacquinot

*cuisson pendant la semaine du 20 au 27 septembre 2010

Le Centre céramique contemporaine La Borne vous donne rendez-vous du 27 Novembre au 16 janvier pour son désormais traditionnel Noël à La Borne.
L’ensemble des expositions est renouvelé autour des dernières créations des 55 céramistes de l’Association Céramique La Borne.
Le thème de cette nouvelle installation est Couleurs d’hiverses.

Afin de mieux connaître les ateliers bornois, le film d’Elliot Hoffman, La Borne in fire, sera diffusé durant le temps de cette présentation.

Expositions cartes blanches 2010

Erotique de l’absence

Mes cadres sont préconçus : les cadres précèdent l’habitation. Ce sont des capteurs d’un morceau  d’espace et de temps vides,  que rien ne limite à deux dimensions, que rien ne limite à l’instantanéité : ce ne sont les cadres de rien,  de nulle part, d’aucun instant. Rien ne se tient dedans.
Puis vient l’habitation, qui emmêle cadre et hors-cadre, champ et hors champs, et dénie au cadre sa fonction première, lui concédant celle de support. Support physique sûrement, narratif peut-être : peut-il initier un « il était une fois, quelque part, quelqu’un… » ?
Parce que ce qui habite le cadre fait allusion au vêtement, au voile, qui désigne le corps absent :

«  Ce  que  l’amateur  d’art  ou  le  voyeur  ou  le  lecteur recherchent c’est le voile. Du moins ce qu’il recherche c’est l’existence du voile qui le lui indique.  C’est, derrière le  voile ou  le  rideau,  l’ombre  qu’il rêve. C’est l’objet perdu dans l’ombre. » Pascal Quignard Sordidissimes.