Expositions 2012

Expositions Artistes invités 2012

Les céramistes de l’Association Céramique La Borne se réunissent pour la deuxième fois autour du thème de la rencontre avec un peintre. Rappelons que le premier volet de cette exposition a eu lieu du 10 décembre 2011 au 8 janvier 2012. Cet évènement a rencontré un grand succès.
De nouvelles oeuvres réalisées en commun vous sont présentées à l’occasion de cet opus 2.

Liste des  invités  :

Céline Alfroid- Nicolas / Laurence Bernard
Eric Astoul / Daniel Chompré et Jacques Astoule
Françoise Blain / Daniel Bambagioni
Patricia Calas-Dufour / Coco Le Goaër / Elise Dufour
Nicole Crestou/ Martine Charpin et Jean-Marie Aude
Suzanne Daigeler / Marie-France Venon
Marion Dallois-Severijnen / Monique Severijnen
Rachid Djabela / Rémy Pastor
Claudie Guillaume- Charnaux/ André Breynaert
Jean Jacquinot / Alexandra Tollet
Pierre Jaggi / Pierre-Yves Canard
Labbrigitte / Brigitte Penicaud
Daniel Lacroix / Lionel Valot
Jacques Laroussinie / Arlette Vaistij
Christine Limosino-Favretto / Nelly Madoulet
David Louveau de La Guigneraye / Lisa Derevycka
Machiko / Noriko Fuse
François Maréchal /Jean-Yves David
Brigitte Marionneau / François Mayu et Daniel Chompré
Maya Micenmacher-Rousseau / Nicolas Rousseau et Ophélia Derely
Marylène Millerioux / Virginie Transon
Isabelle Pammachius / Nicole Courtois
Nadia Pasquer / François Righi
Christine Pedley / Théo Poulet
Jean-Luc Pinçon / Jean-Pierre Bort
Charlotte Poulsen / Anne Moser
Anne Reverdy / Rémi Grillet
Hervé Rousseau / Thierry-Loïc Boussard et Jean-François Poitevin
Hugh West / Dudley Lambert Bennett
David Whitehead / Noriko Fuse

 
Triangle noir
grès émaillé – 130 X 156 X 15 cm 

Clichés F. Goalec

Areshima rouge
grès émaillé – 125 X 70 X 15 cm

 

Cinq Formes Brèves
Verre

 

 

 

J’ai toujours eu conscience de l’homme comme faisant partie de l’univers minéral. Depuis mes premiers travaux en terre en 1968, j’ai abordé le matériau comme un “champ de possible”, un support d’expérimentation et de réflexion. Je ne privilégie pas d’avantage le concept ou la matière : chacun contribue à mettre quelque chose en mouvement que j’appelle des “énergies”.
Les années de travail avec les matières qu’un profane pourrait juger comme inertes m’ont amené à l’idée du mouvement constant dans l’univers : rien n’est fixe. Les céramiques et les verres sont composés de minéraux que l’on mélange et que l’on fond de différentes manières selon ce que l’on veut en faire ou essayer d’en faire. La constante est devenue pour moi un travail sur les fusions minérales qui vient en avant d’un travail sur les formes, les couleurs ou leurs installations dans des espaces particuliers.
On crée des mini tremblements de terre ou des mini volcans… Je n’ai pas pu résister, par curiosité et passion, à partir, à diverses occasions à la rencontre des mondes minéraux et géologiques. J’aime les déserts par ce qu’ils nous montrent de vécu minéral dans la durée ; ils me font comprendre ce que j’essaie de faire.

(Catalogue du Musée de Dunkerque – 1997 – conversation avec Alain Macaire)

Papou
Cliché Pascal Vangysel

Janus
Cliché Michel Lepareur

Vasco de Gama
Cliché Pascal Vangysel

Figures

Pour sa nouvelle exposition, Françoise Quiney nous invite au voyage, “sur un grand terrain de nulle part”, où vivent des personnages hiératiques chargés de symboles.
A nous de déchiffrer le langage riche qu’elle nous offre, et les multiples images qui reviennent à notre esprit : cultures d’ici, d’ailleurs et de plus loin encore, de là-bas, notre dedans.. Ses personnages occupent le terrain d’un échiquier sacré, où il n’y aurait que des Reines et des Rois, peut-être un Fou par ci, par là, une Tour de Babel, un Cavalier donquichottesque partant pour la Croisade, sans cheval.
Tous dépouillés, dépossédés, sauf de l’Essentiel.

Jacques Laroussinie

Clichés P. Soissons

Résonance 1

 

Depuis plusieurs années les céramiques de Daniela Schlagenhauf se développent à partir de deux grandes directions, une approche des formes fondamentales de la nature et une autre à partir d’une relation singulière à l’écriture. Bien sûr les formes issues de la nature, comme les coquillages ou les vagues, étaient couvertes de signes, et les pièces qui portaient des signes plus proches encore de l’écriture étaient aussi traversées par des mouvements, ondulations ou torsions donnant naissance à des plis évidents.

Après avoir abordé la céramique à partir de ces deux directions, elle s’est mise en quête de ce qui permettrait de les relier et de comprendre en quoi, si on les pensait autrement, elles se révèleraient être complémentaires. Pour cela, il fallait tenter de rendre sensible dans l’oeuvre achevée le processus même de la création comme rencontre de deux régimes de forces. Ce sont ces forces qui donnent naissance à des plis, des enchevêtrements et des états d’équilibre le plus souvent instables et non plus à des formes déjà répertoriées et connues, attendues et trop aisément reconnaissables.

Le territoire, c’est le domaine en mouvement dans lequel des éléments divers entrent en résonance. Ce que vise à nous faire percevoir aujourd’hui Daniela Schlagenhauf, en faisant se rencontrer dans le processus de l’oeuvre des forces qui restent le plus souvent en sommeil, c’est une sorte de résonance. L’infinie variation de ces moments, souvent fugitifs, durant lesquels les forces à l’œuvre dans la matière et celles, à l’œuvre dans la forme à venir, se rencontrent et s’accordent, ce sont ces résonances qui les produisent. Ces échos entre des éléments provenant d’univers apparemment hétérogènes, en révélant leur compatibilité, donnent naissance à un monde traversé par un accord profond entre les puissances de la terre et la main de l’homme.

Jean-Louis POITEVIN

 

Ma façon de travailler est basée sur mon point de vue personnel, que je caractériserais comme : « avoir les yeux ouverts » et « d’abord regarder ». J’essaie de transmettre ce sentiment dans mes œuvres. Je considère qu’elles sont bonnes, lorsque j’ouvre le four et, à ma surprise, je ne reconnais pas les œuvres comme étant miennes. Par ce processus dans mon atelier, j’accumule des centaines d’essais et d’objets qui couvrent les marches des escaliers, en attente du moment où j’essaie de nouveau une technique ou une manipulation. A cause de cette obsession des tests,  je me sers d’un grand nombre de matériaux. En général pour mes sculptures j’utilise des pâtes que je prépare moi-même, et dont je cuis en monocuisson à 1150°c. Récemment avec mes sculptures j’ai travaillé avec deux pâtes différentes : l’une qui se dilate, tandis que l’autre, une porcelaine de basse température, reste inerte. Avec ces deux pâtes, l’œuvre en amont de la cuisson diffère radicalement du résultat final. J’essaie de maintenir une relation d’équilibre avec la cuisson ; je veux dire que la cuisson travaille en isolation, tout comme moi, mais à la fin il s’agit d’un travail d’équipe entre nous.

Clichés : P. Vangysel

 

Installé sur la commune de Neuilly-en-Sancerre, près de La Borne, Pep et sa famille ont abandonné Barcelone il y a 4 ans. Potier de grès cuisant au bois, dès sa sortie de l’école de Taragona en 1979, il a trouvé ni public ni reconnaissance en Catalogne, pas même d’autres potiers pour l’aider à cuire. Il a donc choisi d’habiter un territoire déjà acquis à sa passion…
Il réalise de très grosses pièces  – plus de 90 kg – qu’il laisse, brutes sans couleur, afin de recevoir les matières de la cuisson souvent longue d’une semaine. Il travaille sans idée préconçue, dans le mou, sans reprise. Une pièce commencée doit être finie dans la journée. La terre utilisée est la même que pour l’utilitaire, enrichie d’une chamotte de granit qu’il va chercher dans les Pyrénées. Les volumes très massifs, en forme de cloche, de cône, de cylindre à anses sont repoussés de l’intérieur pour créer des décors en relief et gravés très profondément. Pep a un vocabulaire de signes, de lettres et de croix dont lui seul connaît le sens induit par ses origines catalanes et son amour du flamenco…

Nicole Crestou

De 1988 à 2011, la Galerie Besson de Londres a exposé le travail de nombreux artistes céramistes internationaux. Nous avons le plaisir de recevoir Anita Besson pour l’exposition à La Borne de quatre d’entre eux :

ANNE FLØCHE (Danemark)

Le travail d’Anne Fløche possède une qualité de mouvement remarquable. Ses œuvres, qui sont pour la plupart des grands plats, des bols et des bouteilles, sont joliment dessinées d’une main librement expressive, qui se révèle dans sa façon audacieuse de dessiner d’un pinceau léger, les formes et les textures de ses glaçures. Ces pigments qui serpentent, et les motifs abstraits lyriques, comme des échassiers, des poissons et des arbres en fleurs, servent à enrichir la nature poétique de ses œuvres, et révèlent un regard sensible et légèrement comique sur les formes naturelles et la faune. Elle est inspirée par l’orient, mais ses objets font preuve d’une relation avec l’histoire céramique de l’Europe du nord, la méditerranée, la Turquie et le Maroc.   Il en résulte un travail très personnel : des céramiques aux images flottantes,  évocations désinvoltes d’un moment et d’un lieu.

RODNEY LAWRENCE (Angleterre)

Rodney Lawrence a étudié la céramique à la “Harrow School of Art” en Angleterre, où il a été l’élève de David Leach. En 1976, il installe son atelier en partenariat avec Elizabeth Raeburn, dans une ancienne chapelle au Somerset. Il travaille le grès de basse température, et produit des œuvres tournées ou modelées  avec des couleurs et des textures qui varient, souvent inspirées de la technique du “sgrafitti”.
Il a beaucoup exposé, et ses œuvres se trouvent dans les musées, ainsi que dans des collections privées en Angleterre et à l’étranger.

 

ELIZABETH RAEBURN (Angleterre)

Après avoir exercé dans les métiers de la musique, de l’édition et de l’éducation, Elizabeth Raeburn a commencé à partir de 1973 une formation à plein temps dans la céramique contemporaine à la “Harrow School of Art” de Londres. Pendant cette période elle a passé un moment bref, mais important en tant qu’étudiante de production dans l’atelier de David Leach. En 1975 elle s’est installée dans le Somerset pour créer avec Rodney Lawrence un atelier de céramique, et depuis 1981 elle s’est concentrée sur un travail de céramique Raku fait à la main.
Le travail d’Elizabeth est listé dans le ‘Select Index’ du British Craft Council et se trouve dans plusieurs collections de céramiques privées et publiques partout dans le monde. Ses œuvres ont été exposées en solo à l’Oxford Gallery,  à la “Galerie für Keramik und Kalligraphie” de Hambourg, et à la “Dan Klein Gallery” à Londres. En 1992 et 1993 elle a gagné deux prix lors d’une exposition au Musée National de l’Histoire à Taipei, où les deux œuvres ont été acquises par le musée. En 1997 et 1998 ses œuvres étaient exposés chez Sotheby lors de leur exposition d’arts décoratifs contemporains, et elle a reçu en même temps une commande de l’Université de Harvard aux Etats-Unis au moment d’une présentation pour le lancement du livre “The Quest for Longitude”      (La quête de la longitude). En 2003, elle fait partie du groupe de 4 anciens étudiants dont le travail figurait dans l’exposition rétrospective de David Leach, qui a fait le tour du Royaume-Uni en 2003-2004.

 

HANS VANGSØ (Danemark)

Hans Vangsø habite et travaille à Knebel, près d’Århus au Danemark dans une région renommée pour son importante tradition de céramiques. Il crée des pots audacieux cuits au bois, souvent des vases carrés et des grandes jarres. Ses œuvres ont été exposées partout au Danemark et en Europe. En 2002 il a été l’un des artistes choisis pour faire partie de l’exposition itinérante majeure « Depuis les fours du Danemark » qui voyageait entre New York, Berlin et Paris.
Vangsø a fait ses études à l’Académie des Beaux-Arts de Jutland au Danemark entre 1972 et 1976, sous la houlette du professeur Gutte Eriksen (1918 – 2008). Ils sont restés des amis proches, et il a continué de l’assister dans la construction et la cuisson de ses œuvres qu’elle créait jusqu’à l’âge de  quatre-vingt ans. En 2004 elle décrivait son admiration pour le travail récent de Hans :
Le compositeur Stravinski avait coutume de dire « l’art qui n’est pas basé sur la tradition est une simple imitation ». Je suis persuadée que Hans montre qu’il  est conscient de la vérité de ces mots dans son travail, il a réalisé beaucoup de travail pour atteindre cette connaissance. Il a étudié des gros pots anonymes qu’il a trouvé lorsqu’il voyageait partout dans le monde, et ces études lui ont permis de se réaliser.
Je suis ravie de témoigner la force dans ses formes. J’aime beaucoup regarder les fonds de ses pots.
Il me plait beaucoup de constater l’audace démontré dans la cuisson de ses pots.
Et il m’est très agréable d’observer un élément complètement inattendu dans ses pots.

Vernissage le samedi 17 novembre de 18h30 à 21h.

L’Association Céramique La Borne a proposé pour cette fin d’année 2012, une exposition sur le thème Art Table, afin de présenter des créations originales, singulières et étonnantes qui ne soient pas nécessairement liées à une fonction, alliant librement céramique et gastronomie, ou la terre à d’autres matériaux (verre, textile, métal, végétal…) grâce à une collaboration avec d’autres artistes issus du  monde des saveurs, des arts plastiques ou des arts appliqués.
Le titre explicite de chaque pièce précisera l’éventuelle utilisation, ou le décalage qui a nourri sa conception.
30 céramistes associés ou non à des plasticiens participent à cette aventure et se sont donnés des contraintes supplémentaires pour construire des tables cohérentes ou des installations spécifiques tels la mobylette pique-nique, la cuisine céleste à déguster avec les couteaux à vent, une batterie de cuisine inusable ou des surtouts de table lumineux…
Un catalogue présente les réalisations et des textes avisés et décalés sur le sujet des arts de la table (vendu dans notre librairie au prix de 15 €).

Des repas seront servis dans les assiettes habituellement commercialisées des céramistes dans plusieurs restaurants à l’occasion de soirées festives programmées en décembre.

Projection de film : Tampopo

Dimanche 18 novembre à 17 h
Salle multimédia du Centre céramique contemporaine La Borne
entrée gratuite

Film de Juzo Itami (Japon 1985). Durée 144 mn

Tampopo, une restauratrice en périphérie de Tokyo, reçoit Goro, un routier, comme client. Celui-ci étant un fin gourmet, elle lui demande de lui enseigner tous les secrets de l’art culinaire. Avec seulement quelques nouilles servies à toutes les sauces, en guise de scénario, Juso Itami fait griller les notions de genre et de bon goût . Western-spaghetti, thriller, parodie érotico-culinaire burlesque et philosophique, ” Tampopo” est d’une saveur inclassable.

Table ronde : samedi 15 décembre à 17h
Sur le thème : Cuisine et identité culturelle
Cette table ronde sera animée par Dora Lola Cordoba, Socio-anthropologue culinaire.
Entrée gratuite.

Programme des événements Art Table ! hors les murs

Restaurant Le Bien Aller
Jean ACHARD

1 bis rue des Dames – 18700 Aubigny sur Nère
Tél. : 02 48 58 03 92
Présentation de la vaisselle des céramistes chaque week-end du
vendredi soir au dimanche soir pendant la période de l’exposition.

Restaurant La Récréation Gourmande
Michel et Sandrine KATITSCH

Le Bourg – 18260 Villegenon
Tél. 02 48 73 45 36
Présentation des céramistes participants à Art Table ! hors les murs
Du 17 novembre au 25 décembre 2012.

Restaurant Le d’Antan Sancerrois
David et Stéphane RÉTIF

50 rue Bourbonnoux – 18000 Bourges
Tél. : 02 48 65 96 26 – www.dantansancerrois.fr
Événement autour de Art Table ! midi et soir du 20 au 24 novembre inclus.

Restaurant Le Chat 
42 rue Guerin Villechaud – 58200 Cosnes sur Loire
Tél. : 03 86 28 49 03
Présentation et gastronomie autour des assiettes de céramistes de la Borne et des alentours , du mercredi 21 novembre au samedi 24 novembre, et du samedi 15 décembre au 16 décembre.

Restaurant La Courcillière
Denis JULIEN

Rue de Babylone – 18000 Bourges
Tél. 02 48 24 41 91
Evénement / Repas autour de la céramique
le samedi soir 8 décembre 2012.

Jean-Marc BOURGEOIS, le chef du Restaurant Les Monts Damnés
Le Bourg – 18300 Chavignol
Tél. 02 48 54 01 72 – www.montsdamnes.com

en collaboration avec :

Didier TURPIN, le chef du Restaurant La Pomme d’Or
1 rue Panneterie – 18300 Sancerre
Tél. 02 48 54 13 30
Soirée gastronomique à 4 mains, autour de la céramique de
La Borne. Repas préparés par les 2 chefs de ces 2 restaurants
le vendredi soir 30 novembre au Monts Damnés à Chavignol.

Daniel CHOTARD Vigneron à Reigny
18300 Crézancy en Sancerre
Tél. : 02 48 79 08 12 – www.chotard-sancerre.com
Exposition et Concert « Christmas Carols » par le chœur de Sancerre le vendredi 21 décembre 2012 à 19h, dans sa cave à Reigny, entrée libre.

Expositions Cartes Blanches 2012

Comme Nietzsche clamant, “restez fidèle à la terre” et Rimbaud répétant “si j’ai du goût, ce n’est guère que pour la terre”,
chez Hervé Rousseau, le Rodin de la céramique, il y a la terre et encore la terre pour des pièces issues d’un combat sans entourloupe.
Pas de crochet, pas d’uppercut, juste des directs du gauche, surtout la main gauche.
Rien de contrarié, en prise direct avec la partie instinctive du cerveau, la partie primitive aux aguets.
L’émotion rustique, sans esthétique, te boxe et te met K.O en dedans. Du vivant quoi!

Texte B. David

Cliché : P. Vangysel

 

J’explore la matière et la couleur avec liberté et j’organise mon propre univers, approfondissant des espaces complexes, mêlant architecture et histoires sensibles à des univers intimistes.

J’aime jouer du décalage entre matière lisse et grainée, achevé et inachevé, dilué et épais, entre carnet de croquis et oeuvre finalisée, comme une porte ouverte vers des mondes secrets.

American Dream

Diana queen of the Amazon

Leap tall buildings

 

La venue en France de Diego Romero constitue un événement exceptionnel. Son précédent passage en Europe remonte à 2006. Né en 1964 à Berkley, en Californie (Etats-Unis) d’un père indien (Cochiti) et d’une mère américaine, l’œuvre de Diego Romero, souvent plus cynique que comique, s’inspire par sa manière, de la bande-dessinée, du Pop-Art et des vases grecs à figures noires.
Des bandeaux historiés, eux-mêmes ceints de frises décoratives, racontent des épisodes de la vie quotidienne : scènes de rue, rixes, alcoolisme… (pour rappeler que les vases grecs racontaient, eux-aussi en leur temps, la vie quotidienne de leurs contemporains).
Le fond de ces histoires est plus tragique. Il dépeint les  fléaux dont sont victimes les Natives en milieu urbain et au cœur d’une société de consommation : chômage, alcoolisme, jeu, sida…

Leur identité culturelle, ne peut pas résister à cette tragédie savamment orchestrée et qui les ronge depuis plus de deux mille ans. Tel est le terreau politique dans lequel l’œuvre de Diego Romero s’enracine.

Cette exposition est réalisée en partenariat avec Atleliers d’Art de France, avec le soutien de Garth Clarck et de Mark Del Vecchio (propriétaires de la Galerie Clarck + Del Vecchio, Santa Fe, Nouveau Mexique, USA).

Diego Romero expose également à la galerie Collection du 5 avril au 26 mai 2012 (4 rue de Thorigny – 75003 Paris).

 

Dans la forêt, j’aime à me reposer en m’asseyant sur un tronc d’arbre coupé.
Ainsi, je reste là quelques instants, plongée dans ma rêverie.
L’odeur que dégagent les arbres, les percées de lumière à travers leurs branches, les sonorités et les différentes couleurs…
Je baigne dans une béatitude et une joie profondes. Qu’une nature aussi mervielleuse disparaisse de jour en jour me blesse fortement. N’oublions jamais que dans cette immense nature nous ne sommes au fond, que bien peu de choses…

Machiko

Lire le texte de présentation du vernissage.

 

Clichés : P. Vangysel

Les bauges de survie

Lut du latin lutum : boue, terre de potier

Dans les bauges primitives, immémoriales, les premiers organismes ont pataugé et fait sortir “au coeur du chaos, un principe d’ordre, la vie”. Lorsque je plonge les mains dans la terre, c’est pour faire sans vouloir faire, sans ambition. Il me faut juste cette impulsion inconsciente. Je retrouve alors la grâce de l’arc planant d’un héron lent ou la course de 22 sangliers hirsutes, boueux stoppant ma route pendant une sortie à vélo.
Ces instants avivent ma mendicité pour un souffle de compréhension de la vie, où l’on croit la saisir, parce que l’on vit précisément à cet instant là.
Cette irruption du hasard, de vie plus vive. Dans les bauges de l’espoir, le mouvant émouvant d’une terre trop vieille pour que l’on se moque d’elle, d’une terre sans masque, sur mes ribins diribins*.

Bernard David

* Ribin, diribin : chemin de terre qui monte et qui descend en breton.

 

Keiichi Tanaka, faïence et graphisme urbain

Attiré par « l’humanité » de la faïence, le jeune céramiste japonais Keiichi Tanaka produit des pièces tirées d’images urbaines dans cette matière méconnue au Japon, pays du grès et de la porcelaine. Elles réunissent comme rarement douceur de la matière et de précision de la forme.
La céramique de Keiichi Tanaka a été exposée pour la première fois en France aux Journées de Saint-Sulpice l’année dernière. De petites pièces murales en terre brune, plates, des signes graphiques angulaires ou arrondis évoquant l’outil de jardin, la clef primitive, ou le fragment de pièce d’une industrie ancienne, espacées sur un mur blanc. En sortaient ici ou là quelques végétaux, lianes, branches ou bouquets légers indiquant que ces éléments à la fois non identifiables mais pourtant familiers étaient des vases muraux de petite taille. À leur pied, leur répondaient de petits contenants, vases, bols et bouteillons blancs aux formes précises et simples et décorés de légers graphismes noirs. Keiichi Tanaka composait ainsi en blanc et noir, une partition légère comme une esquisse, de formes, d’ombres et de lignes. Cet ensemble tranchait à Paris par un parti pris graphique et novateur, qui étonne aussi au Japon.
Issu de la section céramique du département de design industriel et artisanal de l’université de Musashino, très grande école d’art de la préfecture de Tokyo, Keiichi Tanaka y est entré pour devenir designer. C’est Makoto Komatsu, son professeur et designer connu qui l’a convaincu de s’intéresser à la céramique, laquelle se résumait jusque-là pour lui à une histoire de « Trésors vivants » qui le laissait indifférent. Après un cursus de quatre ans, il est devenu assistant pendant six ans, profitant des équipements de l’école pour ses créations et ses recherches. Bingo pour lui: en 2009 il est invité à séjourner une année à Paris, résident et travaillant à la Cité des arts où son école a acheté deux chambres et où il dispose d’un atelier avec four. Séjour qu’il prolonge actuellement.
« J’ai voulu venir en France pour la faïence qui n’existe pas au Japon. J’avais visité la manufacture de Gien et je voulais apprendre cette technique de terre douce. J’ai bien tenté au Japon quelques cuissons en température plus basse que celle du grès pour obtenir cette texture spéciale mate et douce que procure la faïence mais ça ne marche pas. » Lorsqu’on s’étonne d’une telle quête qui semble oublier la douceur de la porcelaine, il répond qu’il trouve « la faïence plus relâchée, plus moelleuse, plus humaine, la porcelaine toujours plus tendue ». Il lance une pierre dans son jardin japonais: « La porcelaine se déforme facilement et l’on veut toujours la rendre parfaite, alors que la déformation de la faïence est plus facilement acceptée. »
Ce n’est pas tant l’esthétique de la terre latine que le jeune céramiste japonais recherche qu’une alliance nouvelle entre qualité de forme et qualité de matière. Ses petits vases blancs au contour précis et dont l’harmonie tient au jeu serré entre élan et rupture de la ligne, relâchement et étranglement de la forme, sont enveloppés d’un engobe poli à la cuiller ou au galet qui leur procure un émouvant tremblé de surface, une matité translucide et sensuelle. Le décor, un léger désordre de quelques lignes légères, énergise la forme montée à la plaque (comme le sont toutes ses céramiques).
Ses dernières créations offrent un autre aspect de cette alliance entre forme et matière. Elles retrouvent le propos des petits vases plats, comme eux également tirés d’images de notre environnement d’abord photographiées, puis numérisées et enfin exprimées manuellement. Mais cette fois ce sont des formes creuses, graciles érigées dans l’espace, au dessin inspiré des dégradations des vieux murs de Paris, arrachages d’enduits, traces de conduits de cheminées ou d’anciens appareillages de brique ou de pierre, tout un chaos pariétal urbain qu’il ramène aux dimensions de la main, via une préoccupation d’ordre plastique.
Peu importe que partant de cette source, le résultat s’en écarte quelque peu. Ce que nous voyons ressemble en effet plutôt à des éléments de jeux de construction, mi-architectures longilignes, mi-fragments industriels (leur couleur, un jus d’oxydes bruns, renforçant ce caractère), et ce sont aussi des « vases » par leur creux intérieur. Leurs parois extrêmement fines sont destinées à donner une certaine liberté à la terre de se déformer et de rester sensible à la cuisson dont il attend qu’elle « ajoute autre chose ». Ce qui compte ici c’est la recherche et la production expérimentale de sensations nouvelles, nées du dessin et de l’appréhension de la matière poussée à ses limites par le bout des doigts. C’est la mise en œuvre d’un vocabulaire céramique réactivant autrement que par le moulage, qui a marqué toute sa formation, les formes de notre environnement.

Carole Andréani
La Revue de La Céramique et du Verre n° 172, 2010